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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Quand j’ai appris cette histoire, j’ai pensé tout de suite que le plus grand malheur de ce pauvre homme n’est pas ce qui lui est arrivé là ; il n’est qu’à la préface d’une longue histoire, et les regrets qu’il donnera à ses espaliers et à ses petits appartements arrangés pour ses vieux loisirs, seront bien vite des roses en comparaison des soucis qui l’attendent.

— Constable dit que la supériorité du vert de ses prairies tient à ce qu’il est un composé d’une multitude de verts différents. Ce qui donne le défaut d•intensité et de vie à la verdure du commun des paysagistes, c’est qu’ils la font ordinairement d’une teinte uniforme.

Ce qu’il dit ici du vert des prairies, peut s’appliquer à tous les autres tons.

De l’importance des accessoires. Un très petit accessoire détruira quelquefois l’effet d’un tableau : les broussailles que je voulais mettre derrière le tigre de M. Roché[1] ôtaient la simplicité et l’étendue des plaines du fond.

  1. Roché, architecte, à qui Delacroix avait confié l’exécution des tombeaux de sa famille, notamment le monument qu’il éleva à son frère le général Delacroix, mort en 1845. C’est en reconnaissance de ses soins que Delacroix lui fit hommage du tableau dont il est question ici. (Voir Catalogue Robaut, no 1019.) « Comme, au dernier Salon, j’avais exposé un Lion, qui avait généralement fait plaisir, j’ai pensé à vous envoyer une espèce de pendant à ce tableau. » (Corresp., t. I, p. 328 et 329. — Lettre à M. Roché).