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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Les pendentifs de Gérard que je ne connaissais pas : la Mort, la Gloire, avec Napoléon dans ses bras, et je ne sais quel Sauvage à genoux sur le devant ; la Patrie, une grande femme armée et environnée de crêpes près d’un tombeau, gens prosternés, une figure volante sur le tombeau, qui est la seule belle chose de tout cet ouvrage : belle tournure, beau mouvement, l’œil poché par je ne sais quel accident ; la Justice : il m’est impossible de me rappeler la moindre chose de ce tableau. La Mort : une femme soutient ou frappe, on ne sait lequel, un homme encore jeune, qui cherche à se retenir à un monument dont le caractère est incertain ; sa pose n’est pas mauvaise ; sur le devant, autres gens prosternés incompréhensibles.

Tout cela d’une couleur affreuse : des ciels ardoise, des tons qui percent les uns avec les autres, de tous côtés. Le luisant de la peinture achève de choquer et donne une maigreur insupportable à tout cela. Un cadre doré d’un caractère peu assorti à celui du monument, prenant trop de place pour la peinture, etc.

— Ensuite chez Vimont[1], mon élève. Vu un Prométhée, sur son rocher, avec des nymphes qui le consolent ; l’idéal manque.

De chez Vimont au Jardin des plantes, à travers un quartier que je n’ai jamais vu :… petits passages

  1. Alexandre Vimont, peintre, qui exposa aux Salons de 1846, de 1850 et de 1861.