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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

le plus exactement possible à sa première idée, mais en la secondant par la chaleur de son exécution.

L’exécution, dans le peintre, doit toujours tenir de l’improvisation, et c’est en ceci qu’est la différence capitale avec celle du comédien. L’exécution du peintre ne sera belle qu’à la condition qu’il se sera réservé de s’abandonner un peu.

— Travaillé aux Arabes en course[1] et au Valentin.

28 janvier. — Que la nature musicale est rare chez les Français !

— Travaillé au Valentin et à la copie du petit portrait de mon neveu.

— Éclairs, tonnerre vers quatre heures, avec grêle violente.

— Dîner chez Mme Marliani[2] ; elle va passer un mois dans le Midi. J’ai revu chez elle Poirel, avec lequel je me suis plu. Chopin y était ; il m’a parlé de son nouveau traitement par le massage ; cela serait bien heureux. Le soir, un M. Ameilher a joué d’une guitare bizarre, qu’il a fait faire, suivant ses idées particulières. Il n’en tire pas, à mon avis, le parti nécessaire pour faire de l’effet, il joue trop faiblement. C’est la manière de tous les guitaristes de ne faire que de petits trilles, etc.

  1. Voir Catalogue Robaut, no 468.
  2. Delacroix avait connu la comtesse Marliani chez George Sand. Son mari, le comte Marliani, compositeur et professeur de chant, fit représenter au théâtre Italien plusieurs opéras, notamment le Bravo.