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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

dit qu’à tout bien considérer, la religion expliquait mieux que tous les systèmes la destinée de l’homme, c’est-à-dire la résignation. Marc-Aurèle n’est pas autre chose.

— Vu Perpignan pour toucher. Il m’a parlé de l’usine de Monceau comme placement.

Le dernier actionnaire restant de la première classe sur la tontine Lafarge a trente mille francs de rente ; il a cent ans. C’est un peu tard pour en jouir beaucoup.

— Rentré chez moi, et reparti à deux ou trois heures, pour aller chez M. Delessert. Trouvé Colet dans l’omnibus[1] ; il ne paraît pas ébloui par la gloire de Rossini ; il me dit qu’il n’était pas assez savant, etc… Vu M. Delessert, M. de Rémusat. M. Delessert venu ; il nous a parlé de la fin de son frère. J’ai vu avec grand plaisir le Samson tournant la meule, de Decamps : c’est du génie[2].

Revenu par le froid le plus glacial, malgré le soleil.

— Après mon dîner, j’ai été chez Mme de Forget ; c’était son jeudi. Larrey[3] et Gervais sont venus ; David[4]… Comme j’allais partir, il m’a fait des

  1. Colet, compositeur, professeur au Conservatoire.
  2. L’opinion de Delacroix sur Decamps paraît avoir varié. En 1862, il écrivait à M. Moreau : « Depuis que j’ai eu le plaisir de vous voir, la figure de Decamps a grandi dans mon estime. Après l’exposition des ouvrages en partie ébauchés qui ont formé sa dernière vente, j’ai été véritablement enthousiasmé par plusieurs de ces compositions. »
  3. Le baron Larrey, agrégé de l’École de médecine de Paris, était alors chirurgien en chef de l’hôpital du Gros-Caillou.
  4. Sans doute Charles-Louis-Jules David, helléniste et administrateur, fils du célèbre peintre Louis David.