Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/421

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
345
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

J’ai une longue conversation après dîner avec Jussieu, sur les fleurs, à propos de mes tableaux : je lui ai promis d’aller le voir au printemps. Il me montrera les serres et me fera obtenir toute permission pour l’étude.

Thiers a été très froid avec moi, et plus que je ne le pensais encore. Je commence à croire ce que Vieillard me disait lundi chez C…, qu’il a l’esprit élevé et l’âme petite. Il devrait au fond m’estimer de la résistance que je lui ai opposée dans une chose qui choquait mes sentiments… Tant pis pour lui assurément.

Je n’ai pu causer avec Poinsot[1], ni l’entendre causer. Ces hommes là et leur sang-froid me font beaucoup d’effet. Celui-ci est un des plus remarquables qu’on puisse voir…

Le Prince a fait compliment à Ingres sur son beau tableau des Capucins, lequel est de Granet, et dont il est propriétaire. La figure d’Ingres était curieuse en entendant ce coq-à-l’âne.

— Chez Mme Marliani, en sortant. Elle m’a fait lire une lettre de Mme Sand. Elle s’excuse grandement dans l’affaire du mariage et ne croit pas ou feint de croire qu’elle n’a jamais pensé au Clésinger pour son compte. À la bonne heure.

— Fleury a eu l’idée qu’on imprimerait avantageu-

  1. Louis Poinsot (1777-1859), géomètre, membre de l’Académie des sciences, ancien pair de France. Il est célèbre par ses découvertes scientifiques et ses importants travaux.