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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

tout à plat. Je venais de remonter mon tableau, que je craignais de trouver trop sombre en place.

Samedi 2 octobre. — Tous ces jours-ci malade, et pourtant je sortais le soir, malgré la bise, pour conserver encore quelques forces. Aujourd’hui, par le conseil de Jenny, et presque poussé par les épaules, j’ai été faire une promenade au milieu du jour sur la route de Saint-Ouen et Saint-Denis ; je suis revenu fatigué, mais, je crois, mieux. La vue de ces collines de Sannois et de Cormeilles m’a rappelé mille moments délicieux du passé. Un omnibus qui va et vient sur cette route de Paris à Saint-Denis m’a inspiré l’idée d’y aller m’y promener quelquefois. J’ai une envie démesurée d’aller à la campagne, et je suis cloué par cette indisposition.

Je lis le soir les Mémoires de Balsamo. Ce mélange de parties de talent avec cet éternel effet de mélodrame vous donne envie quelquefois de jeter le livre par la fenêtre ; et dans d’autres moments, il y a un attrait de curiosité qui vous retient toute une soirée sur ces singuliers livres, dans lesquels on ne peut s’empêcher d’admirer la verve et une certaine imagination, mais dont vous ne pouvez estimer l’auteur en tant qu’artiste. Il n’y a point de pudeur, et on s’y adresse à un siècle sans pudeur et sans frein.

    Mme Jaubert, qui le rencontrait chez Berryer à Augerville, rapporte que cette excessive délicatesse le condamnait à des accoutrements souvent bizarres.