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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

dans le ton local, sans rehauts d’ombres et de clairs ; j’avais trouvé cela, il y a bien longtemps, dans une étude couchée[1]. L’instinct m’avait guidé de bonne heure.

Mercredi 10 juillet. — Quitté Bruxelles. Pays charmant entre Liège et Verviers. Passé à Aix-la-Chapelle, sans pouvoir y entrer. Qu’il y a de temps que j’y suis venu avec ma bonne mère, ma bonne sœur et mon pauvre Charles !… Nous étions enfants tous les deux… J’ai aperçu assez longtemps le Louisberg où nous allions enlever des cerfs-volants avec Leroux, le cuisinier de ma mère. Où sont-ils tous ?

Un peu avant, nous avions pris les voitures prussiennes, beaucoup plus étroites et incommodes que celles des Belges. Route insipide jusqu’à Cologne.

Arrivés par une pluie continue. Logé à l’hôtel de Hollande, sur le Rhin, d’où on a une très belle vue,… à ce que j’ai conjecturé, à cause du brouillard et du mauvais temps. Sensation triste de ces uniformes étrangers et de ce jargon.

Le vin du Rhin, à dîner, m’a fait trouver la situation tolérable ; malheureusement, j’avais le plus mauvais lit possible, quoique le logis fût un des plus considérés.

Jeudi 11 juillet. — Le matin, départ à cinq heures et demie en bateau par la pluie. Ennuis exces-

  1. Voir Catalogue Robaut, nos 106 et 140.