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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

l’âme ! chers endroits où je vous ai vus, chers objets que je ne dois plus revoir, chers événements qui m’avez enchanté et qui êtes évanouis !… Que de fois cette vue de la verdure et cette délicieuse odeur des bois ont réveillé ces souvenirs qui sont l’asile, le saint des saints où on se réfugie, si on peut, sur les ailes de l’âme, pour se tirer du souci de chaque jour ! Cette affection qui me console et, seule, me donne ces mouvements du cœur comme autrefois, combien de temps le sort me les laissera-t-il ?

Dimanche 5 juin. — Tous ces jours derniers, à peu près même vie.

Travaillé et presque terminé l’article ; sorti ordinairement vers trois heures, deux ou trois fois, entre autres, par l’allée de l’Ermitage : vue ravissante… jardin d’Armide, la verdure nouvelle… Les feuilles, étant à toute leur grandeur, donnent une grâce, une frondaison d’une richesse admirable ; le touffu, le rond domine, les troncs garnis de feuilles…

Ce soir, après dîner, sorti par le crépuscule ; au lieu d’aller chez les Barbier, promenade sur la route de Soisy. Charmantes étoiles au-dessus des grands peupliers de la route. En allant, fraîcheur délicieuse. La veille, promenade avant dîner avec Jenny. J’étais ravi du plaisir qu’elle avait, toute souffrante qu’elle était.

Il y a deux jours, avant dîner, par la même grande allée vers Soisy, à partir du grand rond, par une très