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Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/264

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

unes intéressantes, les autres niaises et dignes d’amuser des laquais ; des nomenclatures, des répétitions textuelles de pièces historiques, qui sont partout, pour qui veut les y aller chercher, ne constituent pas un livre. C’est une anonyme réunion de pièces de toutes couleurs, auxquelles il a ôté la couleur en les ajustant… Quoi ! pas une réflexion pour souder un fait à un autre, ou plutôt quelles réflexions !… Car je me trompe : il met du sien de temps en temps ; mais quelle vulgarité ! Le pauvre homme a donné prématurément sa mesure. Après avoir pris la peine de nous ôter la pensée qu’il était capable d’écrire quelque chose qui eût le sens commun, il s’amuse même à détruire ce faible prestige qui l’entourait, à savoir qu’il avait quelque capacité pour les affaires, et que son savoir-faire du moins l’avait conduit à la fortune… Point du tout ; il établit que toutes ses combinaisons pour faire ses affaires ont été déjouées par le hasard, et que c’est le même hasard qui l’a fait réussir souvent par les moyens les plus inattendus et les plus opposés à ses prévisions.

Je n’ai, dans le jugement que je porte, nulle animosité ; au contraire, je l’aime beaucoup, malgré ses airs cavaliers ; mais ils sont inséparables du parvenu. Je crois qu’il perdra beaucoup à ce livre malencontreux. Il gagnait beaucoup, au contraire, à ne pas le publier, mais à laisser croire qu’il s’en occupait. Il confirme malheureusement tout ce que les gens plus fins que le vulgaire pouvaient augurer de lui… Je l’ai