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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

fable plus ou moins romanesque qui détruit l’illusion. Au lieu de faire une peinture vraie sous les noms de Damon et d’Alceste, vous faites un roman comme tous les romans, qui paraît encore plus tel, à cause de la recherche de l’illusion portée seulement dans des détails secondaires. Tout Walter Scott est ainsi. Cette apparente nouveauté a plus contribué à son succès que toute son imagination, et ce qui vieillit aujourd’hui ses ouvrages et les place au-dessous des fameux que j’ai cités, c’est précisément cet abus de la vérité dans les détails. (Se rattacherait à l’article sur l’imitation, plus haut.)

Paris, samedi 29 octobre. — Parti pour Paris à onze heures par l’omnibus du chemin de fer de Lyon. Trouvé Minoret jusqu’à Draveil.

Dimanche 30 octobre. — Travaillé à retoucher les tableaux qu’on m’a demandés. Les occupations que je trouve ici vont bien interrompre toutes ces écritures ; je le regrette ; elles fixent quelque chose de ce qui passe si vite, de tous ces mouvements de chaque jour dans lesquels on retrouve ensuite des encouragements ou des consolations.

Lundi 31 octobre. — Le pauvre Zimmermann[1] est mort ; j’ai passé chez lui un instant, et n’ai pu

  1. Zimmermann (1785-1853), compositeur, élève de Boïeldieu, fut de 1816 à 1848, professeur de piano au Conservatoire.