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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Rodakowski m’a fait plaisir en exaltant le Massacre, qu’il met au-dessus de tout[1].

J’ai trouvé la place de la Concorde toute bouleversée de nouveau. On parle d’enlever l’Obélisque. Perrier prétendait ce matin qu’il masquait !… On parle de vendre les Champs-Élysées à des spéculateurs ! C’est le palais de l’Industrie qui a mis en goût. Quand nous ressemblerons un peu plus aux Américains, on vendra également le jardin des Tuileries, comme un terrain vague et qui ne sert à rien.

13 mai. — Dauzats venu dans la journée pour me tracer mon Foscari[2]. Resté trop longtemps, j’ai eu la voix fatiguée, et l’imprudence que j’ai faite d’aller chez Chabrier le soir m’a achevé. Extinction de voix, rhume, etc., etc.

20 mai. — Parti à Augerville avec Berryer, Batta[3] et M. Hennequin[4]. Parti triste ; je redeviens jeune pour mes tristesses à propos de tout.

  1. Le Massacre de Scio.
  2. C’est la première indication de la célèbre et admirable composition que les amateurs ont vue pour la dernière fois à l’exposition des œuvres de Delacroix à l’École des Beaux-Arts. A la vente Faure, elle atteignit 79,500 francs. Elle appartient maintenant au duc d’Aumale. (Voir Catalogue Robaut, no 1272.)
  3. Alexandre Batta, célèbre violoncelliste, qui pendant vingt ans a donné un grand nombre de concerts, suivis avec beaucoup d’intérêt par les amateurs.
  4. Amédée Hennequin était le fils d’un avocat célèbre, ami de Berryer. À ce titre, il faisait partie du groupe des intimes d’Augerville Dans ses Souvenirs, Mme Jaubert le mentionne assez brièvement.