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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

me parle du projet d’exposition de Delamarre[1]. Il dit que le Massacre[2] n’a pas gagné au dévernissage, et je suis presque de son avis, sans avoir vu. Le tableau aura perdu la transparence des ombres comme ils ont fait avec le Véronèse et comme il est presque immanquable que cela arrive toujours. Haro dit qu’il dévernit en lavant et non en frottant au doigt. S’il faisait cela, il aurait vaincu une grande difficulté. En attendant, il m’a gâté les portraits de mes deux frères enfants, par l’oncle Riesener.

28 juin. — Travaillé le matin à l’Arabe et l’enfant à cheval[3]. — Boissard venu. Ensuite Villot ; sa vue m’a fait plaisir. Ils sont tous surpris de tout ce que je fais. Je leur dis qu’au lieu de me promener, comme la plupart des artistes, je passe mon temps dans mon atelier.

Penser à demander à Riesener mon étude d’arbres sur papier. Lui emprunter ses croquis et des études de paysage de Frépillon et autres, pour la fraîcheur du ton. Aussi celle de Valmont pour le sujet des

    triomphe enfin, l’éternel lutteur, le grand discuté ! Il a fallu que le jury des nations vînt nous dire que, lui aussi, il était de la famille des Artistes-Rois. Regardez ses œuvres qui étincellent. » (La Patrie, 16 novembre 1855.)

  1. Delamarre, journaliste et député (1796-1870). Il était devenu en 1844 propriétaire de la Patrie. Le journal prit sous sa direction un grand essor et devint le centre d’une série d’opérations économiques et financières auxquelles doit se rattacher probablement le projet d’exposition dont parle ici Delacroix.
  2. Massacre de Scio.
  3. Voir Catalogue Robaut, no 1237, aux Additions, p. 497.