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Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/411

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

le Téméraire. — Appareil, armures, flambeaux, prêtres, croix, etc.

— Trouver un sujet du même genre avec une femme.

Roméo et Juliette[1], les parents dans la chambre. — Juliette crue morte.

24 juillet. — Ce qu’auraient été Raphaël et Michel-Ange à notre époque.

28 juillet. — Je pense aux romans de Voltaire, aux tragédies de Racine, à mille et mille chefs-d’œuvre. Comment ! tout cela aura été fait pour que les hommes soient éternellement, à chaque quart de siècle, à demander s’il n’y a pas quelque chose pour les amuser dans les œuvres de l’esprit ! Cette incroyable consommation de chefs-d’œuvre, produits pour cette tourbe humaine, par les plus brillants esprits et les génies les plus sublimes, n’effraye-t-elle pas la partie délicate de cette triste humanité ? Cette soif insatiable de nouveauté ne donnera-t-elle à personne le désir de revoir si, par hasard, ces chefs-d’œuvre vieillis ne seraient pas plus neufs, plus jeunes, que les rapsodies dont se contente notre oisiveté, et qu’elle

  1. Sur les compositions de Roméo et Juliette, le Catalogue Robaut nous donne les indications suivantes : « A l’Exposition universelle de 1855, Delacroix avait exposé les deux seuls tableaux que lui ait inspirés le Drame d’amour de Shakespeare : les Adieux du Salon de 1846 et la Scène des tombeaux des Capulets. » (Voir aussi Catalogue Robaut, nos 939 et 940.)