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Page:Delacroix - Journal, t. 2, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/431

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Longue station au débarcadère, et enfin emmenés par le père Mercier à l’Hôtel du Géant, où nous nous installons ; très bon dîner, petite course à la jetée auparavant.

Je revois avec plaisir tous ces endroits que je connais. Pris par la pluie, je me réfugie dans la cabane du gardien de la jetée, qui est un vieux matelot.

18 août. — Un peu de fainéantise, sommeil sur un canapé, malgré le beau soleil ; pourtant j’avais été faire un tour ; entré même à Saint-Jacques.

Si la vue d’objets nouveaux a pour notre pauvre esprit, si avide de changements, un charme qu’on ne peut nier, il faut avouer aussi que la douceur de retrouver des objets déjà connus est très grande. On se rappelle les plaisirs qu’on y a éprouvés déjà et dont l’imagination augmente le charme à distance.

J’ai de la peine à surmonter cette langueur et ce vide qui me pèsent, quand je n’ai pas encore pris mes habitudes dans un lieu où j’arrive. Les seuls plaisirs que je trouve ici dans ces premiers jours sont uniquement de revoir un lieu que j’aime et où je me suis trouvé heureux. Mon bonheur d’autrefois me semble plus grand que celui d’aujourd’hui. Le défaut d’occupations capables de m’intéresser en dehors de la vue des objets qui m’environnent et malgré leur intérêt pour moi, en est la cause.

J’ai remarqué, comme je ne l’avais point fait jusqu’ici, la vérité des expressions dans le Saint Sépulcre