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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

simples chez lui-même sur les premiers plans. Dans une vaste composition comme le plafond, c’est encore bien plus nécessaire. La poitrine de la Susanne semble d’un seul ton, et elle est en pleine lumière ; ses contours sont également très prononcés : nouveau moyen d’être clair à distance. Je l’ai éprouvé également sur le carton, après avoir tracé autour des figures un contour presque niais et sans accents.

— Sur le préjugé qu’on naît coloriste et qu’on devient dessinateur, ou bien le « nascuntur poetæ, fiunt oratores ».

— Sur les peintres-poètes et les peintres-prosateurs.

Dimanche 29 septembre. — Mme Cavé est venue me lire partie de son traité de l’aquarelle, plein de choses charmantes.

En regardant l’esquisse que j’ai colorée de mémoire du Portement de croix de Rubens, je me dis qu’il faudrait ébaucher ainsi les tableaux avec cette intensité de ton qui manque un peu de lumière, mais qui établit les rapports de localité, et ensuite se livrer là-dessus et mettre la lumière et les accents avec la fantaisie et la verve nécessaires ; ce serait le moyen de l’avoir (cette verve) quand il le faut, pour n’en pas dépenser inutilement, c’est-à-dire à la fin. C’est le contraire qui arrive le plus souvent, et à moi particulièrement.

On voit dans le tableau de Van Dyck (je ne parle