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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/125

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

histoire de César, dont il me parle, laquelle est faite, me dit-il, en vue de rabaisser César, comme il lui est arrivé déjà de rabaisser Napoléon, qu’il déteste. Guérin attribue à un ridicule ce sentiment décrire ces diatribes contre des colosses comme Napoléon et César, et je crois qu’il a raison.

Je le quitte pour aller à Saint-Jacques revoir le croquis que j’en avais fait l’année dernière ; j'étais entré un moment à Saint-Remi, que j’aime toujours ; j’entendais chanter du dehors : il y avait des chantres en chape de cérémonie, le curé, tout le personnel occupé à chanter des litanies devant un seul auditeur, qui était un garçon de quinze ans. J’ai trouvé la même singularité à Saint-Jacques.

Le soir, paresse pour sortir, et mauvais temps.

Paris, 14 octobre. — Parti pour Paris à midi. Le matin, été à la jetée pendant qu’on faisait les paquets. J'étais arrivé à Dieppe avec ravissement ; j’en pars avec plaisir ; étrange disposition : une fois que j’eus arrêté le jour de mon départ, j’eus presque hâte de retourner à Paris. J’ai un grand désir de travailler. Ce mouvement, cette variété de situation et d'émotion donne à tous les sentiments plus de vivacité ; on résiste mieux, en variant son existence, à l’engourdissement mortel de l’ennui.

J'étais, de Dieppe à Rouen, avec trois Anglais, jeunes tous les trois ; et comme je voyageais en première classe, il y avait lieu de penser qu’ils étaient