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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/280

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

âge que vous allez employer pour parler à des hommes de votre temps, sera toujours un moyen factice, et les gens qui viendront après vous, en comparant cette manière d’emprunt aux ouvrages de l'époque où cette manière était la seule connue et comprise, et par conséquent supérieurement mise en œuvre, vous condamneront à l’infériorité comme vous vous y serez condamné vous-même.

Mardi 17 mars. — Je suis sorti hier avec Jenny pour la première fois. Il faisait du soleil. J’ai renoncé à aller vers la place d’Europe ; le vent venait de ce côté. Je suis descendu, revenu par les rues, fatigué ; mais cette course m’a donné des forces.

Mercredi 18 mars. — Je ne puis me détacher de Casanova[1].

Voici trois jours que je sors, et j’en éprouve un grand bien. Hier, j’ai été en voiture aux Tuileries avec Jenny. Nous sommes venus du Pont tournant jusqu'à la grille de la rue de Rivoli.

Se rappeler les observations que m’a suggérées le contraste des statues du Tibre et du Nil, copies de l’antique, et des groupes de fleurs et de nymphes du temps de Louis XIV. Le décousu de ceux-ci et la majestueuse unité de ceux-là. Partout, la même observation entre ce qui était antique et ce qui est moderne.

  1. Son admiration pour Casanova, chose étrange, ne se démentit pas une fois durant toute sa vie. Voir t. I, p. 260.