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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/338

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

14 avril. — « Vous oubliez[1], messieurs, qu’en obligeant M. Langlois[2] à donner l’entrée le dimanche à 50 centimes, vous lui enlevez 50 pour 100 de son bénéfice ; ce sacrifice que vous lui imposez, il est juste que vous le payiez, car ici ce serait la Ville qui serait censée régaler le public du dimanche, et il sera juste aussi que la Ville paye pour se montrer splendide. Ce sacrifice que vous demandez à M. Langlois, il y a consenti. Ne lui devait-on aucun dédommagement pour la disparition de son premier établissement ? Il n’y gagnait pas plus d’argent qu’il ne va en gagner dans le nouveau ; mais il ne demandait rien à personne, et à présent il vous accorde tout ce qui peut diminuer ses profits matériels, pourvu que vous l’aidiez à montrer les produits de son talent. Vous ne les estimez pas peu, messieurs, puisqu’en lui imposant de les exposer le dimanche à un prix réduit des quatre cinquièmes, vous estimez procurer au peuple un plaisir.

« Si l’on vous disait que l’Empereur désirerait que la ville de Paris l’aidât à aller chercher, dans un désert, une pierre abandonnée, et de fréter avec lui un navire et d’entretenir pendant plusieurs années un équipage pour cette opération lointaine, sous prétexte que cette pierre intéresse la gloire des Sésostris qui ont vécu il y a quatre mille ans, vous lui répondriez peut-

  1. C’est évidemment le brouillon d’un rapport qu’il devait présenter au Conseil municipal.
  2. Jean-Charles Langlois (1789-1870), colonel d'état-major, peintre de batailles et de nombreux panoramas. Il est question ici du Panorama de la prise de Malakoff.