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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/349

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

« Rien n’est beau que le vrai. » Rien n’est vrai dans cette maudite composition : gestes contournés, draperies volantes sans sujet, etc. Réminiscences des divers styles des maîtres. Les maîtres, mais je parle des plus grands et dont le style est très marqué, sont vrais à travers cela, sans quoi ils ne seraient pas beaux. Les gestes de Raphaël sont naïfs, malgré l'étrangeté de son style ; mais ce qui est odieux, c’est l’imitation de cette étrangeté par des imbéciles, qui sont faux de gestes et d’intention par-dessus le marché.

Ingres, qui n’a jamais su composer un sujet comme la nature le présente, se croit semblable à Raphaël en singeant[1] certains gestes, certaines tournures qui lui sont habituelles, qui ont même chez lui une certaine grâce qui rappelle celle de Raphaël ; mais on sent bien, chez ce dernier, que tout cela sort de lui et n’est pas cherché.

28 mai. — Je vais le soir chez Mme Villot : j’y trouve Mme Franchetti, Parchappe, etc., une dame de Suberval et ses filles : l’une de ces dernières me promet la recette du pigeon Pise.

29 mai. — Promenade le matin dans la forêt.

5 juin. — Arrivée de M. Lamey. Il arrive seul à

  1. Baudelaire l’appelait : l’adorateur rusé de Raphaël.