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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/360

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

12 août. — Je sors à six heures du matin par la campagne. Délicieuse promenade. Je vais au bord de la rivière et fais un croquis vers la cabane de Degoty. Je rapporte un faisceau de nénufars et de sagittaires ; je patauge pendant près d’une heure sur les bords glaiseux de la rivière avec délices pour conquérir ces pauvres plantes. Cette débauche me rappelle Charenton, l’enfance, la pêche à la ligne !… Je rentre brûlé.

Nous avons une abondance de fruits dont nous n’avons jamais joui jusqu’ici ; jusqu'à présent n’en mangeant qu'à dîner, ils ne m’ont point encore fait mal.

13 août. — Je recommence à la même heure matinale la promenade d’hier. Je m’arrête avant la fontaine de Baÿvet pour faire un croquis que je regrettais de n’avoir pas fait la veille ; c’est un des meilleurs du petit calepin que j’ai emporté à Plombières.

On passait mon carreau au siccatif ; je suis resté le plus longtemps que j’ai pu dehors, me couchant à l’ombre non loin de la rivière, près du petit pont qui traverse un vivier. Je m'étais assis au bas de la rivière même, mais sans descendre jusqu’aux roseaux, abrité par mon parasol, en face de cette île remplie de roseaux qui se forme dans les basses eaux.

Assis encore près de la fontaine de Baÿvet qui n’est plus qu’un filet d’eau, mais charmant et coulant entre les herbes.

J’ai passé le reste de la journée dans la cour à