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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/391

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

tière, n’est beau que parce qu’il est animé par un certain souffle, qui ne parvient pas plus à le préserver de la destruction que notre âme chétive à faire durer notre chétif corps. Au contraire, dans ce dernier cas, c’est souvent cette intempérante, folle, déréglée, avare, qui précipite son compagnon, j’allais dire inséparable, dans mille dangers et dans mille hasards.

8 février. — Balzac dit dans ses Petits Bourgeois : « Dans les arts, il arrive un point de perfection au-dessous duquel reste le talent et qu’atteint seul le génie. Il est si peu de différence entre l'œuvre du génie et l'œuvre du talent, etc. Il y a plus, le vulgaire y est trompé, le cachet est une certaine apparence de facilité ; en un mot, son œuvre doit paraître ordinaire au premier aspect, tant elle est toujours naturelle, même dans les sujets les plus élevés, etc. »

Tirer la déduction à propos des ouvrages comme ceux de Decamps et Dupré, en un mot de tous ceux qui emploient des moyens outrés. Il est bien rare que les grands hommes soient outrés dans leurs ouvrages. Examiner cela.

Lawrence, Turner, Reynolds, en général tous les grands artistes anglais, sont entachés d’exagération, particulièrement dans l’effet qui empêche de les classer parmi les grands maîtres ; ces effets outrés, ces ciels sombres, ces contrastes d’ombre et de lumière, auxquels du reste ils ont été conduits par leur propre