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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/397

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

eux, faire partie intégrante de la peinture. Ils ouvrirent des écoles ; c’est à eux, il faut le dire, que commencent les écoles comme on les comprend de nos jours, à savoir : l'étude assidue et préférée du modèle vivant, se substituant presque entièrement à l’attention soutenue, donnée à toutes les parties de l’art dont celle-ci n’est qu’une partie.

Les Carrache se sont flattés sans doute que, sans déserter la largeur et le sentiment profond de la composition, ils introduiraient dans leurs tableaux des détails d’une imitation plus parfaite et s'élèveraient ainsi au-dessus des grands maîtres qui les avaient précédés. Ils ont conduit en peu de temps leurs disciples et sont descendus eux-mêmes à une imitation plus réelle, il est vrai, mais qui détachait l’esprit des parties plus essentielles du tableau conçu en vue de plaire avant tout à l’imagination. Les artistes ont cru que le moyen d’atteindre la perfection était de faire des tableaux une réunion de morceaux imités fidèlement…

David est un composé singulier de réalisme et d’idéal.

Les Vanloo ne copiaient plus le modèle ; bien que la trivialité de leurs formes fût tombée dans le dernier abaissement, ils tiraient tout de leur mémoire et de la pratique. Cet art-là suffisait au moment. Les grâces factices, les formes énervées et sans accent de nature suffisaient à ces tableaux jetés dans le même moule, sans originalité d’invention, sans aucune des grâces naïves