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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/403

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

sablement farouches. L’esprit de société, qui peut-être est un instinct plus développé de notre nature française, a pu contribuer à polir davantage la littérature ; mais il est plus probable encore que les chefs-d'œuvre de nos grands hommes sont venus à propos pour décrier les tentatives bizarres ou burlesques des époques précédentes, et pour tourner les esprits vers le respect de certaines règles éternelles de goût et de convenance qui ne sont pas moins celles de toute véritable sociabilité que celles des ouvrages de l’esprit. On nous dit souvent que Molière, par exemple, ne pouvait paraître que chez nous ; je le crois bien, il était l’héritier de Rabelais, sans parier des autres.

8 mars. — Sur Rubens. Sa verve ; la monotonie de certains retours dans son dessin. Recopier ici ce que je trouve dans l’agenda de 1852 à la suite de mes observations sur les sublimes tapisseries de la mort d’Achille. « Le parti pris de Rubens en outrant certaines formes montre qu’il était dans la situation d’un artiste qui exerce le métier qu’il sait bien, sans chercher à l’infini des perfectionnements[1]. »

Dans le même cahier, au 6 février, à propos d’un concert et de la musique des hommes dans le genre de Mendelssohn, etc. : « Ce n’est point cette heureuse facilité des grands maîtres qui prodiguent les motifs les plus heureux, etc.[2]. »

  1. Voir t. II, p. 73 et 74.
  2. Voir t. II. p. 83.