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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/405

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

10 mars. — Essayer des cigarettes de thé vert. Je vois dans un ancien calepin que c’est une mode d’en fumer à Pétersbourg. Elles n’ont pas, du moins, l’inconvénient d'être narcotiques.

14 mars. — J’ai été voir l’exposition du boulevard, j’en suis revenu mal disposé. Il y faisait froid. Les Dupré, les Rousseau m’ont ravi. Pas un Decamps[1] ne m’a fait plaisir : c’est vieilli, c’est dur et mou, filandreux ; de l’imagination toujours, mais nul dessin ; rien ne devient ennuyeux comme ce fini obstiné sur ce faible dessin. Il est jauni comme du vieil ivoire, et les ombres noires.

Mme Sand est venue me dire adieu bien amicalement. Elle voulait m’en traîner ce soir à Orphée[2].

28 mars. — Guillemardet venu hier dans la journée. Je lui ai dit ce que j’avais sur le cœur, cela m’a soulagé. Je regrettais vivement d'être obligé de changer pour lui de sentiment ; ce qu’il m’a dit de X… m’a fait impression. Il est bien changé et a été bien souffrant.

29 mars. — Toujours fatigué le matin.

  1. Il est Intéressant de noter ici un revirement de l’opinion d’Eugène Delacroix sur Decamps. On se rappelle que, dans les premières années du Journal, il va jusqu'à prononcer le mot de génie à propos d’une de ses compositions.
  2. C’est en 1860 que Mme Viardot reprit, avec Je plus grand succès, l’Orphée de Gluck au Théâtre-Lyrique.