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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/421

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

de fils, tous plus laids et ressemblants les uns que les autres à leur auteur, à la morgue singulière de ces automates à argent, et à leur orgueil stupide de cette fameuse constitution qui ne leur garantit pas plus de liberté qu'à nous autres, qu’ils regardent comme de véritables esclaves. Il faut absolument, dans un pays d'égalité, de partage égal de fortune entre les enfants, un gouvernement fort et centralisateur pour faire les grandes choses. Les fortunes particulières sont trop divisées. L’aristocratie anglaise permet de grands efforts qui n’ont pas toutefois, sous une infinité de rapports, l’ensemble qu’on peut obtenir d’un gouvernement qui veille plus particulièrement et avec plus de puissance aux grands objets qui honorent les nations, aux grandes entreprises, aux expéditions subites, etc.

Les bons bourgeois anglais ont la bonté d'être très fiers de leurs grands seigneurs, qui ne les saluent pas, tirent à eux toute la substance, et exercent dans toute la plénitude le gouvernement.

22 juillet. — Je suis décidément enrhumé ; j’ai des moments d’ennui profond où je veux partir pour Paris. La nuit, je me figure que tout est perdu. Il faut avouer qu’il est dur au mois de juillet de grelotter dans sa chambre. J’ai demandé avant-hier qu’on me fît du feu ; mais Mme Gibbon, mon hôtesse, se défiant de ses cheminées qui n’ont jamais été destinées à cet objet, m’a donné une chaufferette, qui m’a rendu