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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/427

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

remonté par un petit bois délicieux ; traversé les carrières et trouvé en face l’allée verte qui m’a mené au chemin de l’Ermitage.

Je lis en rentrant dans Voltaire (Mélanges d’histoire et de philosophie, tome II) son article de la Chimère du souvenir.

2 octobre. — J'écris à M. Lamey :

« Que dites-vous de tout ce qui se passe ? Le hasard et les passions des hommes ne cesseront-ils pas d’amener les combinaisons les plus étranges, pour faire damner ceux qui en sont victimes, et pour occuper les loisirs des gobe-mouches au nombre desquels je me range, par l’avidité avec laquelle je dévore ces journaux impertinents et menteurs qui se jouent de notre soif pour les nouvelles ? »


13 octobre. — Je voyage avec M. G…, de Juvisy. Il dit que M. Magne disait qu’il avait appris à raisonner et à se conduire d’après Condillac.

21 octobre. — Ce Rubens est admirable ; quel enchanteur ! Je le boude quelquefois, je le querelle sur ses grosses formes, sur son défaut de recherche et d'élégance. Qu’il est supérieur à toutes ces petites qualités qui sont tout le bagage des autres ! Il a du moins, lui, le courage d'être lui ; il vous impose ces prétendus défauts qui tiennent à cette force qui l’entraîne lui-même et nous subjugue en dépit des pré-