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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/429

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

dans les arts à la mode, y compris l’architecture.

22 octobre. — Le don d’inventer puissamment qui est le génie.

Beati mites, quoniam ipsi possidebunt terram.

13 novembre. — Je fais pour la centième fois cette réflexion en lisant Rémusat, homme de mérite d’ailleurs : la littérature moderne met de la sensiblerie partout ; ce style imagé à tout propos, mêlé à un sérieux pédantesque et attendri que vous ne trouvez jamais dans Voltaire, et dont, par parenthèse, Rousseau est l’inventeur, donne à un traité sur la centralisation (c’est le cas pour Rémusat) le ton d’une ode ou d’une élégie.

Paris, 25 novembre. — Je poursuis toujours mon travail ; ma résolution et ma santé se soutiennent. Que je bénirais le ciel d’achever d’ici à un mois ou six semaines, comme je le calcule, mon travail de l'église ! Il y a une dizaine de jours que je suis revenu de Champrosay avec un gros rhume que j’y avais attrapé, non pas au milieu de mes voyages continuels, bien propres à me le donner, mais pour avoir dîné chez l’excellente Mme Moutié, laquelle étant sourde, j’ai été obligé de crier à ses oreilles toute la soirée, de sorte que ma gorge fatiguée s’est trouvée saisie à ma sortie de chez elle par le froid qu’il faisait.

— Nous avons nommé hier à l’Institut l’insipide