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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Les costumes du lord-maire et des aldermen valaient la peine d’être vus.

Je suis parti à onze heures par l’omnibus de Lyon, escorté de Julie[1] ; en arrivant, et par une chaleur étouffante, j’ai été au Jardin des Plantes : il y a deux beaux lions, de jeunes lions, etc. Je mourais de chaud à les regarder : j’ai remarqué qu’en général le ton clair qui se remarque sous le ventre, sous les pattes, etc., se mariait plus doucement avec le reste de la peau que je ne le fais ordinairement : j’exagère le blanc. Le ton des oreilles est brun, mais en dehors seulement.

De là, chez Sirouy, le lithographe, voir la planche qu’il a commencée (les Croisés de Moreau)[2] ; ensuite, à la maison, où je me suis senti très fatigué, très accablé. J’ai une nature singulière : ces déplacements, dès le matin, me causent toujours une fatigue nerveuse extrême, et je peux me remettre pour très peu de chose.

Le soleil me nuit toujours ; je me rappelle l’homme d’Épinal qui me disait que s’il se mettait au soleil après son déjeuner, il éprouvait un malaise considérable.

À peine m’étais-je habillé que je me suis senti

  1. Servante de Delacroix.
  2. C’est une variante de la toile de la salle des Croisades au musée de Versailles, actuellement au musée du Louvre. Elle a été lithographiée par Sirouy et adjugée à la vente Bonnet, le 19 février 1853, 3,199 francs à M. Moreau. (Voir Catalogue Robaut, no 1189.) Elle diffère assez sensiblement, surtout dans les premiers plans, de la grande composition du Louvre. (Voir Catalogue Robaut, no 734.)