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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/68

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

J’ai vu ce Gâtinais, cette vieille France toute plate, toute simple, ces diligences d’autrefois. Si je ne suis pas aussi à mon aise que dans les chemins de fer, du moins je voyage, je vois, je suis homme ; je ne suis ni une boîte ni un paquet.

Je quitte ma dame à Malesherbes avec le regret de ne pas savoir son nom ; je trouve là Pinson et son cabriolet découvert, dans lequel nous faisons le trajet rapidement.

Je trouve avec Berryer Mme Jaubert, bonne rencontre à la campagne, et Mme D…, avec une certaine appréhension.

13 juillet. — Je sors le matin par le plus beau soleil. Je fais un croquis, près du pont de pierre, de la rivière fuyant au loin, un bouquet d’arbres très pittoresque sur le devant. Je me promène avec bonheur, je vais jusqu’aux rochers où le souvenir de M… me suit en dépit que j’en aie.

Je remarque dans les rochers à formes humaines et animales de nouveaux types plus ou moins ébauchés ; je dessine même une espèce de sanglier et une sorte d’éléphant, nombre de corps, de contours, de têtes de taureau, etc. ; on trouverait là d’excellents types d’animaux fantastiques ; ces formes bizarres prennent là une vraisemblance. Étrange coïncidence ! Quel caprice a présidé à la formation de ce rocher qui est tout alentour le seul de son espèce ?

Dans la journée, promenade en bateau ; Berryer