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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/83

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

excusé, étant souffrant ; à Riesener et à Schwiter. Le dîner a été gai, et j’en ai été heureux.

Le matin, travaillé beaucoup à l'église, inspiré par la musique et les chants d'église. Il y a eu un office extraordinaire à huit heures ; cette musique me met dans un état d’exaltation favorable à la peinture.

31 août. — Sorti vers trois heures pour voir des logements rues d’Amsterdam, Pigalle, etc.

Chez Schwiter[1], j’ai été frappé là, en voyant sa propre peinture et le portrait de West, de Lawrence, ainsi que des gravures d’après Reynolds, de l’influence fâcheuse de toute manière. Ces Anglais, et Lawrence tout le premier, ont copié aveuglement leur grand-père Reynolds, sans se rendre compte des entorses qu’il donnait à la vérité ; ces licences, qui ont contribué à donner à sa peinture une sorte d’originalité, mais qui sont loin d'être justifiables, l’exagération pour l’effet et même les effets complètement faux qui en sont la conséquence, ont décidé du style de tous ses suivants, ce qui donne à toute cette école un air factice que ne rachètent pas certaines qualités. Ainsi la tête de West, qui est peinte dans la lumière la plus vive, est accompagnée d’accessoires tels que les vêtements, un rideau, etc., qui ne participent nullement à cette lumière ; en un mot, elle est dépourvue de toute raison ; il s’ensuit qu’elle est fausse et l’ensemble

  1. Le baron Schwiter devait être un des légataires de Delacroix, qui lui laissa par testament divers tableaux anciens.