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Page:Delacroix - Journal, t. 3, éd. Flat et Piot, 3e éd.djvu/85

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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

autres un éclat qui n’était pas dans l’intention des maîtres. Ces altérations malheureuses leur ont fait croire, comme dans le portrait de West, qu’une tête pouvait être très brillante à côté de vêtements complètement dépourvus de lumière, et que des fonds pouvaient être très obscurs derrière des objets éclairés : ce qui est de toute fausseté.

7 septembre. — Le matin, chez Dupré. Vu sa maison : très séduit par cet air riant.

Dîné chez Mme de Forget avec Mme Dufays, et revu là M. Jouaut, que je n’avais pas vu depuis 1830. Il a passé des années en Russie ; ce n’est plus le beau garçon de ce temps-là. Il me dit que le changement le plus considérable qu’il trouve en moi, c’est que je parle moins vite qu’autrefois et que ma voix est changée.

10 septembre. — Parti à huit heures par le train express pour aller à Crose[1]. Voyage très rapide jusqu’à Argenton par l’express, mais toutes sortes de malheurs à partir de là. Arrivé à Argenton attendant mes paquets une heure dans la boue et sous la pluie, avant de m’installer dans cette affreuse petite voiture où j’ai fait un voyage si insupportable, entre l’enfant qui pissait et les trois femmes qui vomissaient.

Je reste à Limoges, tenté un instant de revenir et de m’excuser comme je pouvais.

  1. C’est le nom d’une propriété de famille qui appartient aujourd’hui encore à M. de Verninac, sénateur.