par jour dans des salles froides et discutant avec des juges qui passent pour avoir été très-sévères. Ce sont au reste les mêmes qui m’ont refusé pendant vingt-cinq ans. Vous jugez qu’il m’eût été difficile de ne pas me livrer à mon émotion.
Ce que vous m’annoncez d’une révision me semble impossible. On faisait effectivement une révision dans les jurys précédents ; mais c’était le jour même où les tableaux avaient été jugés. Je ne peux me figurer ce que doit être un travail de révision complet sur l’ensemble des tableaux refusés. Cela équivaut presque à un jugement nouveau. Il va sans dire que même dans le cas où cette révision aurait lieu en effet, je n’aurais point qualité pour m’y trouver, ayant décliné ma responsabilité dans le jugement précédent.
Je suis très-affligé de votre refus. Je sais par une longue et très-dure expérience ce que de semblables épreuves donnent d’impatience et de chagrin. Veuillez recevoir l’expression de mon sincère regret et celle de mes sentiments très-affectionnés.
E. Delacroix.
A M. AUGUSTE VACQUERIE.
Ce 25 mars 1861.
Cher Monsieur,
Je suis bien désolé d’avoir tant de fois manqué votre bonne visite. Depuis six mois je n’ai pas manqué un seul jour à sortir de chez moi, presqu’avec le jour, et à me confiner dans un travail dont j’ai bien de la peine à triompher et qui me tient loin de chez moi toute la journée.
Voici quant à la proposition pleine de bonté que vous me faites d’assister à la première représentation de votre pièce, ma désagréable situation. Je suis engagé pour samedi à un