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HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

d’hier, devait, sinon disparaître entièrement, du moins céder presque toute la place à une autre, celle de voir, d’entendre, de sentir… de noter. On ne peut pas dire que le premier poète ait disparu, supprimé par le second, puisque le second écrit les poésies citées plus haut — quelques-unes très irrégulières, mais enfin des poésies — en les mêmes jours où il note ces souvenirs, ces impressions, ces émotions, ces hallucinations, cette vie psycho-physiologique observée qui forme le recueil des poèmes en prose intitulé par lui Illuminations[1]. Nous y trouvons les genres de développement les plus divers : des pièces régulièrement composées, comme Après le déluge, à ce mélange de notations, Bar-

  1. Mot anglais qui veut dire gravures coloriées. L’auteur avait écrit en sous-titre ceux-ci : coloured plates, qui suffisaient et qui sont plus clairs si l’on entend seulement gravures en couleurs (aquatintes), mais il tenait au double sens et désirait impliquer, en plus, la signification française d’Illuminations, c’est-à-dire : intuitions ou visions racontées ; il y en a quelques-unes en effet ; d’autre part ; les souvenirs ne sont-ils pas eux-mêmes des venues subites de lumière ?