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HISTOIRE SOMMAIRE DE RIMBAUD

pour soigner son ami malade, jusqu’à l’arrivée de Mme veuve Verlaine (décembre). Les premiers mois de 1873 le trouvent tantôt à Charleville, tantôt à Roche (arrondissement

    exposa à la Dudley Gallery dès quatorze ans, dessina à quinze ans, pour l’œuvre de Byron, un Mazeppa « tempête vivante », écrivit, à seize ans, ce roman si dramatique, si étrange, Le Cygne noir, peignit, à dix-sept ans, un Silas Marner objet d’applaudissements unanimes à la Société des artistes français de Bond Street. Rimbaud l’a-t-il rencontré chez Andrieu ? Ma mémoire ici fait défaut. S’il me l’a dit, c’est tellement en passant qu’il ne m’en reste pas de souvenir. Ce que je me rappelle bien, c’est qu’il me conta sa brouille avec Andrieu. La scène eut lieu — il en restait surpris et affligé — vers la fin de 1873. Le professeur d’Oliver Madox Brown était-il à ce moment tourmenté, au point de perdre en partie sa force morale, par l’état de son élève qui commençait à souffrir de la maladie qui l’emporta l’année suivante, à dix-neuf ans ?… Le fait est qu’il reçut Rimbaud avec une mauvaise humeur allant jusqu’aux procédés brutaux. La rupture fut définitive. Nous devons regretter qu’une certaine animosité, semble-t-il, ait persisté chez Andrieu ; car cet écrivain distingué, qui exerça — dit le critique cité plus haut — une influence considérable sur l’esprit d’Oliver Madox Brown, aurait pu nous laisser, à propos de ces deux jeunes gens, une étude de rapprochements littéraires et moraux extrêmement intéressante, puisque l’Anglais était lui-même une sorte de visionnaire.