Page:Delair - La Découverte, 1868.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 6 —


Méditant l’inconnu, calculant le mystère,
Ils vont, à chaque soir agrandissant la terre,
Jamais las, — jamais triomphants,
Car leur tâche jamais ne leur semble finie ;
Et si la mer les tue, inutile agonie !
Leur âme passe à leurs enfants.

C’est une noble race, une souche héroïque !
— Ces Portugais, bravant les fournaises d’Afrique
Et l’arsenal de l’Inconnu,
Qui, lorsqu’un Cap crachait sur eux jusqu’à l’outrance
Ses fureurs, l’appelaient du doux nom d’Espérance
Et qui le trouvaient bienvenu !

— Nos Dieppois, leurs égaux certes, sinon leurs maîtres,
Car ils avaient déjà, sous les Tropiques traîtres,
Lancé leurs esquifs hasardeux
Lorsque dans son berceau Colomb dormait encore.
Mais ces braves s’étant levés avant l’aurore,
N’ont pas eu l’histoire avec eux !

Et tant d’autres ! — ceux-ci donnant les forêts neuves,
Les sols vierges ; ceux-là donnant les vastes fleuves.
Éclairant le pôle hivernal ;
Dampier ; Cook, arrachant à la vague jalouse
Cent paradis ; — et toi, malheureux La Peyrouse
Dont le tombeau fut un fanal !