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DE GÉOLOGIE.

maintenant l’on peut établir comme théorie complette les faits suivans.

1°. Le courant du golfe (ou golfe-strime) marque sa route depuis le canal de Bahama, jusqu’au banc de Terre-Neuve.

2°. Il côtoye les rivages des États-Unis à une distance que les vents rendent variable, mais qui, en terme moyen, s’estime à un degré ou vingt lieues.

3°. À mesure qu’il s’éloigne de son origine, il dilate son volume et diminue sa vîtesse.

4°. Il paraît qu’au fond de l’Océan il s’est creusé un lit particulier très-profond ; car les sondes y perdent terre, ou deviennent tout-à-coup très-longues.

5°. Il ronge la côte des États-Unis, malgré la résistance des écueils Hatteras, qui le détournent vers l’est d’une pointe et demie de compas[1] et il menace de les détruire eux-mêmes tôt ou tard. Les îles sableuses du Bahama, les attérissemens du même natron sur la côte du continent, les bas-fonds de Nantuket, paraissent n’être que des dépôts formés par lui, et je suis tenté de dire que les bancs de Terre-Neuve que sont que la barre de l’embouchure de cet énorme fleuve marin.

6. Sur chacun de ses côtés, il forme un eddy ou contre-courant, qui, aidé du côté de terre par les fleuves du continent, arrête les dépôts vaseux qu’on nomme les sondes.

7. De longs vents de sud-ouest les rendent moins sensibles, parce qu’ils poussent les flots dans son sens ; mais les

  1. Les marins disent : « Quand on est hors des écueil en mer, fond de quinze brasses, et que, du haut du mât du sloop, l’on voit juste le cap Hatteras, l’on va entrer dans le golfe Strime, et de suite l’on perd les sondes. »