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INTRODUCTION.

Euler supposait également des substances différentes de celles que nous connaissons ; et il dit :

« Quand nous réfléchissons sur la cause de la gravité, quoiqu’elle nous soit inconnue, il semble qu’on ne saurait la chercher que dans la pression d’un fluide extrémement subtil, qui passe librement, même à travers les moindres pores des corps. Or, une telle pression agit toujours en raison des volumes ; donc, puisque le poids est aussi proportionnel à l’inertie, ou à la masse de chaque corps, il s’ensuivrait que la véritable étendue fût toujours proportionnelle à l’inertie, comme presque tous les philosophes l’ont cru jusqu’ici ; mais quelque fort que puisse paraître cet argument, il ne regarde que les corps terrestres sur lesquels agit la gravité, et par la même raison aussi, tous les corps grossiers dont sont formées les planètes, parce qu’elles sont soumises à la même loi de gravitation. Mais on n’en saurait rien conclure de certain à l’égard des matières subtiles, étendues par tout le monde qui apparemment ne sont pas assujéties à la gravitation et qui en contiennent plutôt la cause.

« Rien n’empêche que ces manières subtiles ne soient d’une espèce différente que les corps grossiers, et qu’une certaine étendue vraie de ces matières subtiles ait beaucoup moins d’inertie qu’une certaine étendue vraie des matières grossières. Ce serait alors une autre espèce de matière, et peut-être y en a-t-il encore plusieurs espèces, dont chacune joint à la même étendue vraie, une inertie plus petite que les précédentes, de sorte que le dernier degré, où à une étendue ne conviendrait aucune inertie, serait une étendue purement géométrique, et un vide véritable ; mais sans admettre un tel vide, pourvu qu’on accorde deux espèces de matières, dont l’une contienne, sous la