Page:Delamétherie - Leçons de géologie II.djvu/327

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Supposons que les lacs nombreux ; que traverse le fleuve Saint-Laurent, rompissent leurs digues subitement au saut de Niagara, par exemple, il y aurait une prodigieuse quantité d’eau dans toute la partie basse du Canada. On pourrait l’appeler un déluge.

Un pareil déluge a dû avoir lieu au-dessous du lac de Genève, qui a vraisemblablement rompu ses digues au-dessous du Fort-l’Ecluse. On n’en connaît point les détails, parce qu’il n’y avait point d’historiens dans ces tems reculés. Mais quand on voit l’immense quantité de galets dont sont couvertes les plaines du Dauphiné, et que ces galets se retrouvent à plus de cent ou deux cents pieds sur les côteaux de Lyon et du Dauphiné…, on ne saurait douter qu’il n’y ait eu une débâcle de quelque lac de la Suisse, vraisemblablement de celui de Genève, qui a produit ces phénomènes.

Jefferson parle d’une pareille débâcle qui a dû avoir lieu en Virginie. « La Shenandoah a suivi les montagnes l’espace de cent milles pour chercher une issue. Sur sa gauche s’approche la Patowmack, qui cherche de même un passage. Au moment de leur réunion ; elles se précipitent contre la montagne qui se sépare devant elles, pour donner à leurs eaux un libre cours vers l’Océan.

« Cette scène fait naître au premier coup d’œil l’idée que la » terre n’a été créée que par époques ; que les montagnes ont été formées d’abord, et que les rivières n’ont commencé à couler que dans un tems postérieur ; que dans cet endroit particulier les eaux retenues par la digue des montagnes Bleues, formaient un Océan (un lac) derrière elles ; que leurs poids croissant à mesure que leur niveau s’élevait, elles ont enfin forcé le passage, et fendu la montagne du sommet à la basse. Les masses des roches entassées de part et d’autre, surtout du côté