Page:Delambre, Méchain - Base du système métrique décimal, T.1.pdf/7

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voulu lui faire honneur d’une précision à laquelle il ne pouvoit prétendre. Ces anciennes opérations, dont il ne reste que des traditions vagues, sont extrêmement commodes pour ceux qui aiment les systèmes. Elles renferment toutes quelque indéterminée qu’on évalue d’après les observations modernes, ou d’après l’hypothèse que l’on s’est faite. On y trouve tout ce qu’on veut, mais on n’y peut jamais lire que ce que l’on sait d’ailleurs ; on n’y peut rien puiser qui avance le moins du monde nos connoissances. Si les modernes n’eussent pas exécuté ce qu’Ératosthène s’étoit contenté d’indiquer, sa mesure si fameuse et tant de fois commentée ne nous apprendroit rien, sinon que la distance d’Alexandrie à Syenne étoit environ la cinquantième partie d’une circonférence. Quant à sa division du degré en 700 stades, elle n’a pour nous aucun sens, puisque rien ne détermine le stade dont il s’est servi. D’autres géographes ont divisé le degré en un autre nombre de stades, c’est-à-dire qu’ils ont traduit les nombres d’Ératosthène en d’autres fractions équivalentes, comme nous faisons nous-mêmes quand, pour la commodité du calcul, nous convertissons les minutes et les secondes en décimales de degré, ou réciproquement. Ces fractions sont identiques ; il n’y a que la forme qui soit changée, et ces différens degrés dont il est question dans les anciens auteurs ont encore une existence moins réelle que celui d’Ératosthène, dont ils ne sont qu’une espèce de traduction. Celui de Posidonius est le seul sur lequel on ait conservé quelques détails ; mais ses données étoient