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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

Nous voyons, par les mémoires et les lettres inédites de Galilée, publiées à Modène en 1818, par M. Venturi, que Castelli, élève de Galilée dans une conversation où le provéditeur de l’université de Pise lui conseillait de ne jamais parler du mouvement de la Terre, se crut obligé d’assurer positivement que le même conseil lui avait été donné depuis longtemps par Galilée, qui lui-même, depuis vingt-quatre ans qu’il professait, n’avait jamais traité ce point dans ses leçons publiques. Les péripatéticiens regardaient comme une hérésie l’idée de Copernic, et s’il faut croire que Galilée ne l’avait jamais soutenue comme professeur, il existe plus d’une preuve qu’il ne faisait pas mystère de son opinion. Nous trouvons dans le recueil cité un mémoire adressé à la mère du grand-duc. Il y prouve que le nouveau système n’est en rien contraire à l’Ecriture ; il s’y attache particulièrement à expliquer à sa manière le fameux passage de Josué : Sol ne movearis. Son explication est d’une subtilité assez remarquable.

Ce passage ne peut s’expliquer dans le système de Ptolémée, qui ne donne réellement au Soleil qu’un mouvement qui lui soit propre, celui d’un degré par jour vers l’orient. Or, la cessation de ce mouvement accourcirait le jour au lieu de l’allonger. Il en est de même du mouvement propre de la Lune. L’Ecriture ajoute que le Soleil s’arrêta au milieu du ciel (et ne s’avança plus vers le couchant jusqu’à la fin du jour). Galilée supprime ces derniers mots, et soutient que les précédens ne peuvent s’entendre du méridien ; car lorsque Josué donna son ordre au Soleil, cet astre devait être prés de se coucher. On le voit par tout ce que Josué avait déjà fait dans la journée. S’il eût été midi, il serait resté sept heures, qui auraient suffi pour achever la défaite des ennemis. Par ces mots, au milieu du ciel, il faut donc entendre le centre de la sphère céleste, où Copernic place le Soleil, qui n’a d’autre mouvement que celui de rotation. À l’ordre de Josué cette rotation s’arrêta, et par suite suspendit tous les mouvemens célestes. Il raisonnait ici d’après une idée de Képler. Ainsi, selon Galilée, ce passage prouve que le Soleil occupe le centre de la sphère. Quant au passage non moins fameux : In sole posuit tabernaculum suum ; et ipse tanquam sponsus procedens e thalamo suo exultavit ut Gigas ad currendam viam. Nec est qui se abscondat a calore ejus. Ce passage n’indique en aucune manière le mouvement du Soleil. Le Soleil est le réceptacle d’une matière extrêmement subtile et douée d’une vitesse prodigieuse, qui a été créée antérieurement au Soleil, qui n’a point sa source dans le Soleil ; où elle a été placée quel-