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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

ques jours seulement après sa création, et qui en sort comme un époux de son lit nuptial. Le Soleil est ce lit nuptial, et la lumière ce géant qui s’élance pour parcourir tout le ciel et porter partout la chaleur et la vie.

Ces explications, qui n’étaient guère que des subtilités, ne satisfirent pas les ennemis de Galilée, qui y virent au contraire plus d’une chose sentant l’hérésie. Galilée, apprenant que ses ennemis s’agitaient à Rome, obtint du grand-duc la permission d’y faire un voyage pour y disputer avec les péripatéticiens et les confondre. Suivant ses lettres, il y fut reçu avec beaucoup de distinction ; il y soutint sa doctrine dans de nombreuses conférences où il triompha des opposans. Il en eut entre autres une assez longue avec le dominicain Caccini, qui l’avait attaqué dans un sermon prêché à Florence, et dans lequel il avait pris pour texte : Viri Gallilœi quid statis adspicientes in cœlum. Ce dominicain, qu’il nous dépeint comme un homme faux et dangereux, lui fit toutes sortes de soumissions, et témoigna même du regret de son incartade. Nous verrons plus loin une preuve irrécusable de la duplicité de Caccini.

Galilée avait, dans le temps, porté sa plainte au général de l’ordre, Luigi Maraffi, qui, dans une lettre du 10 janvier 1615, lui témoigne son regret de ce qu’un frère de son ordre lui ait donné de justes sujets de plaintes. Il ajoute que c’est pour lui-même une chose assez fâcheuse, que d’avoir sa part dans toutes les bêtises (bestialità) que peuvent faire et QUE FONT trente ou quarante mille religieux.

Galilée nous dit encore qu’il a obtenu une audience du pape, qui l’a traité avec beaucoup de considération et de bonté. Mais, d’un autre côté, l’ambassadeur de Toscane à Rome écrit au grand-duc qu’il ne sait ce que Galilée est venu faire en ce pays, dont l’air ne lui vaut rien, et qu’il devrait quitter au plus tôt ; qu’il y dispute avec une humeur et un acharnement qui pourra lui susciter des affaires fâcheuses ; qu’il a été décidé par le pape et son conseil, que la doctrine de Copernic n’est pas conforme à la foi ; que les livres de cet auteur et de ses sectateurs seront suspendus jusqu’à ce qu’ils aient été corrigés, et qu’on supprimera totalement celui du carme Foscarini, qui a entrepris de prouver que les passages de l’Ecriture ne doivent pas s’entendre dans le sens littéral qu’ils semblent présenter. Il paraît que c’était là le point d’achoppement, ou plutôt le prétexte qu’on mettait en avant. On aurait passé à Galilée de parler en mathématicien de l’excellence de la nouvelle hypothèse ; mais on soutenait qu’il devait abandonner aux théologiens l’interprétation de l’Ecriture.