Page:Delambre - Histoire de l'astronomie moderne, tome 1, 1821.djvu/237

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TYCHO-BRATIÉ. i5i préférables à tout ce qu’on avait fait avaut lui. Il ajoute que pour ces équiaoxes, il s’est servi de cinq ou six espèces d’instrumens , travaillés avec soin, et qui, par leur grandeur, leur matière, leur solidité, leurs divisions et leurs pinnules, lui permettaient de répondre de j } et même de ^ de minute. Il y a sans doute quelque chose à rabattre de l’idée qu’il s’était faite et qu’il veut donner de l’exactitude de ses observations. On en peut dire autant, proportion gardée, de la plupart des observa- teurs qui l’ont suivi*, il en sera probablement de même de presque tous ceux qui viendront; mais on ne peut nier qu’on ne voie dans ses obser- vations un progrès très marqué et des erreurs peu sensibles pour le tems. Il a tenu compte de la parallaxe du Soleil, il’ ne nous dit pas encore la quantité de cette parallaxe ; il a de même tenu compte de la réfrac- tion , qui n’est pas encore nulle à 54° de hauteur (c’est celle de l’équaleur à Uranibourg); c’est par les étoiles circompolaires, et par la polaire prin- cipalement, qu’il a fixé la hauteur du pôle qui, dans le climat qu’il habite, ri est sujette à aucune réfraction. Cette réfraction, à 56° de hauteur, n’esl pas en effet de 4°"> niais on voit déjà qu’on ne peut compter à une mi- nute près sur ces hauteurs. Ce qui prouve cependant qu’il approchait de la perfection plus qu’aucun de ses prédécesseurs, c’est qu’il remarquait une différence eutre la hauteur de l’équaleur, déduite des deux solstices, et la dislance du pôle au zénit. Cette différence allait quelquefois à 4’; elle lui avait rendu ses instrumens suspects; cependant leur accord, les soins qu’il avait apportés à les multiplier, à les comparer et à les véri- fier, lui firent penser que ce devait être un effet des réfractions, sensibles sur-tout au solstice d’hiver. Il fit construire un instrument armillaire de >o pieds d’e diamètre, dont l’axe était parallèle à l’axe du monde, et qui lui permettait de suivre le Soleil dans toute sa révolution diurne. Il s’as- sura qu’à ii° de hauteur, ce qui est à peu près celle du Soleil en hiver, la réfraction élait de près de g’, dont la moitié affectait la hauteur de l’équaleur; car en été à 57° de hauteur, la réfraction doit être nulle ou insensible. Il reconnut que, près de l’horizon, la réfraction était d’un demi-degré à fort peu près; qu’elle accélérait le lever du Soleil de 4 à 5’, et que cette accélération n’était pas constante, même quand le ciel est le plus serein et l’air le plus pur. D’après ces remarques, aussi neuves qu’importantes, la hauteur du pôle, comparée aux hauteurs d’été, lu- donne l’obliquité de 23° 5i’^. En négligeant ces attentions, la compa- raison des deux solstices lui aurait fait trouver l’obliquité telle à peu près qu’elle avait paru à Copernic, à Régiomonlan et Walthérus, qui négli- geaient la réfraction et la parallaxe.