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KÉPLER. 44t

ferait décrire l’écliptique; que le mouvement serait uniforme et circulaire, si la distance n’était variable; que si la planète, dans tout son cours, avait alternativement deux distances différentes, les tems périodiques seraient en raison doublée des distances; que la vertu propre de la planète est insuflisante à la transporter d’un lieu dans un autre; qu’elle n’a ni pieds, ni ailes, ni nageoires; mais celte vertu suffit au moins pour donner naissance à ce qui fait qu’elle s’approche ou s’éloigne. Il croit avoir démontré tout cela; mais il ne l’a point calculé; il n’en avait pas les moyens. Nous voyons qu’ils se laisse entraîner à son imagination. Il a le désir très louable de tout comprendre et de tout expliquer, et d’assigner des raisons physiques à tous les phénomènes. Parmi tant de conjectures, il devait s’en trouver de vraies, d’autres un peu hasardées, d’autres loul-à-fait fausses. Celles qui pouvaient se vérifier par la Géométrie du tems et par des calculs, quelque longs et pénibles qu’ils fussent , il a eu le courage d’en chercher la démonstration , et il a réussi. C’est ainsi qu’il s’est assuré de ses trois fameuses lois, qu’il a même rectifié ses premières conjectures; mais quand ses méthodes l’abandonnaient, il errait au hasard, et c’est ainsi qu’il n’a pu bien concevoir la manière d’agir delà pesanteur universelle, dont il avait aperçu quelques théorèmes importons.

Il fallait tous ces essais, tous ces calculs, ces opérations si pénibles et si détournées, pour arriver à la seule voie naturelle, dit ensuite Kepler: Ma première erreur fut de croire que le chemin de la planète était un cercle parfait , erreur d’autant plus nuisible , quelle est appuyée du conseiltement de tous les philosophes , et quelle paraissait plus conforme a la Métaphysique. C’est ce principe métaphysique qui a causé tous les embarras de Kepler et de tous les astronomes qui l’avaient précédé. Il est vrai qu’il leur était impossible d’apercevoir des phénomènes qui aujourd’hui seraient des préservatifs infaillibles contre cette erreur, comme les diamètres et les phases des planètes ; mais , dans leurs observations mêmes, ils se bouchaient les yeux pour ne point apercevoir des phénomènes qui les auraient mis dans la bonne roule. Les digressions de Vénus, et sur-lout celles de Mercure, indiquaient clairement que les orbes de ces planètes ne pouvaient être circulaires. Pour éluder ces preuves , ils combinaient les cercles et les épicycles de la manière la plus embarrassante et la moins naturelle. Par ces moyens, ils étaient parvenus à représenter à peu près les observations de la Lune dans les syzygies et Hist. de VAstr. mod. T. I. 56