Page:Delambre - Histoire de l'astronomie moderne, tome 1, 1821.djvu/556

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4 7 o ASTRONOMIE MODERNE, et c’esl ce qui donna lieu à celte dissertation adressée à Galilée lui-même, Loin de révoquer en doute l’existence des quatre satellites de Jupiter, il désire bien plutôt avoir une lunette pour découvrir les deux que Mars doit avoir, et les cinq ou huit de Saturne, et peut-être le satellite unique de Vénus et celui de Mercure ; on voit que ses idées d’analogie ne l’a- bandonnent pas. La construction de la lunette ne lui parait pas une chose aussi nouvelle qu’on croyait; elle a été assez clairement indiquée par Porta, l’inventeur de la chambre obscure; il en rapporte les passages suivans : éloignez de l’œil une lentille, vous verrez les objets éloignés tellement près de vous, que vous croirez pouvoir les prendre avec la main ; vous reconnaîtrez de loin vos amis, vous lirez une lettre placée à une grande distance; incli- nez la lentille et vous verrez les lettres s’alonger; vous pourrez lire à vingt pas, et, si vous savez multiplier les lentilles , je ne doute pas que vous ne puissiez lire à cent pas les plus petits caractères. Les lentilles con- caves font voir clairement les objets éloignés , mais elles les rendent plus petits. Les lentilles convexes grossissent les objets voisins , mais ils sont mal terminés; si vous savez les combiner convenablement , vous verrez les objets grossis , et cependant bien distincts, Porta, chap. ïo. Cet auteur avait bien vu ce qu’il fallait faire, mais il ne l’avait exécuté que fort im- parfaitement. Il ajoute : nous avons ainsi rendu service à quelques amis, à qui nous avons donné les moyens de voir distinctement les choses éloi- gnées qui se dérobaient à leurs regards et les objets voisins qui leur parais ■* saient troubles. Ceci peut s’entendre des verres simples dont se servent les presbytes ou les myopes. Kepler avait expliqué les effets des diverses lentilles, à la page 202 de ses Paralipomènes. On y voit même une len- tille concave et une convexe sur le même axe, mais il ne dit rien de l’ef- fet combiné des deux lentilles cette figure comparée au texte de Porta, pouvait conduire à l’invention des lunettes, mais Kepler avoue qu’il doit y avoir une grande différence entre les luuettes bataves qu’on rencon- trait déjà, et celle avec laquelle Galilée avait percé la profondeur du ciel; il avoue même qu’il avait un peu douté des promesses trop magnifiques de Porta; il pensait que plus il y avait d’air interposé, plus la vision de- vait être imparfaite, et que si l’on pouvait grossir la Lune considérable- ment, on cesserait de voir les petits détails d’une manière assez distincte. Ces considérations et beaucoup d’autres, le détournèrent de construire lui même une luuette; cependant il paraît disposé à le tenter : il donne