Page:Delambre - Histoire de l'astronomie moderne, tome 1, 1821.djvu/728

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G/, 2 ASTRONOMIE MODERNE. ques lumières nouvelles : en raclant, avec un ciseau de fer taillant, une lame de laiton, pour en ôler quelques taches, et faisant mouvoir avec rapidité le ciseau , j'entendis plusieurs fois un sifflement très clair et très fort, et regardant sur la lame j'y aperçus une longue suite de lignes sub- tiles et parallèles, et séparées par des intervalles égaux. Recommençant

'i racler de nouveau, je m'aperçus que les lignes parallèles ne se mon-

traient que quand le froltement avait produit un son; si je raclais avec plus de vitesse , le sifflement devenait plus aigu, le nombre des parallèles augmentait et les intervalles diminuaient; et si en raclant je venais à ac- célérer le mouvement, j'entendais le son qui devenait plus aigu , les petites lignes se rapprochaient, mais elles étaient toujours exactement nettes et régulièrement espacées. Pendant le sifflement, je sentais le fer qui frémissait entre mes doigts, je sentais une cerlaine roideur qui me courrait par la main; j'ai observé , pendant le sifflement, que si deux cordes de clavecin f rémissaient successivement , et que ces deux cordes fussent à la quinte, on voyait sur la plaque des distances de 45 et 3o , ce qui est en effet !e rapport qui donne la quinte. Mais avant d'aller plus loin , il faut vous avertir que des trois manières de rendre le son plus aigu, celle que vous rapportez au peu de diamètre de la corde, doit plus exactement se rapporter à son poids; en sorte que si l'on veut accorder deux cordes, l'une d'or et l'autre de laiton, si elles sont de même longueur, de même grosseur, et qu'elles aient la même tension, comme l'or est deux fois environ plus pesant, les deux cordes se trouveront accordées h la quinte ou à peu près. Mais revenant à noire objet, je dis que la raison prochaine et immé- diate des formes et des intervalles musicaux, ce n'est ni la longueur des cordes, ni la tension, ni la grosseur, mais bien la proportion du nombre de vibrations, et les baltemens des ondes de l'air qui vont frapper le tym- pan de mon oreille auquel ces vibrations se communiquent; je n'ose ajouter qu'elle me paraît être la cause du plaisir que nous causent les consonnances , et du désagrément qui naît des dissonances; ce serait la simplicité des rapports qui ferait que les battemens reviendraient à coïncider avec plus de fréquence et de régularité. On peut imiter ces coïncidences avec des pendules de longueur convenable. C'est ici que se termiue le premier dialogue ; les autres ne sont pas plus de notre sujet, et nous n'avons rapporté ce qui précède que par l'analogie de ces expé- riences à celles de Chladny, à qui il est très possible et assez probable qu'elles aient fourni l'occasion et la première idée doses belles recherches sur l'Acoustique. '