Page:Delambre - Histoire de l'astronomie moderne, tome 1, 1821.djvu/769

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SCHEINER. 0)85 deux axes différens. Le mouvement mensuel est le plus rapide et le plus sensible; l’autre n’est que le mouvement du Soleil ou de la Terre dans l’e'cliplique. Le plus rapide décide en quel sens vont les taches ; le plus lent fait qu’elles paraissent décrire des ellipses plus ou moins étroites, suivant la position relative de la Terre et de l’axe de rotation. Dans le premier livre, l’auteur repousse de toutes ses forces le soupçon du plagiat que lui avait reproché Galilée; il affirme toujours qu’il a vu les taches dès le mois d’avril 1611 , mais il n’en cite aucune preuve, il ne nomme aucun témoin. En admettant qu’il dise vrai, il n’avait du moins fait aucune observation réelle; il s’était contenté de les suivre dans sa lunette; Galilée lui-même n’en avait pas fait beaucoup plus, si ce n’est qu’il les avait aussi montrées à d’autres, et que ses conjectures paraissent avoir été plus heureuses que celles de Scheiner. Averti par Velserus, que Scheiner avait continué ces observations, il les reprit lui-même, mais d’une manière passagère, au lieu que Scheiner en a fait son unique occupation pendant 18 ans. Alors il put se faire des idées plus justes, reconnaître l’inclinaison de l’équateur solaire, et donner une théorie plus complète et moins vague que celle de Galilée. Mais, en écrivant quinze ans après ses premiers essais, il confond à dessein les époques pour ne se montrer que sous un jour plus avantageux. Galilée, mécontent de se voir disputer sa découverte, tâche de dissimuler le peu de parti qu’il en a tiré; il traite son advei’saire avec un peu trop d’humeur; le jésuite rusé profile des avantages que lui ont procurés quinze ans d’observations suivies; il glisse î-apidement sur ses premières idées, se garde bien de reproduire ses Lettres; il n’en cite que les passages qui conviennent h son plan, et jusque-là peut-être il serait excusable, mais il cesse de l’être , quand il manque au respect qu’il devait à un homme d’un génie supérieur. Son plagiat n’est pas bien démontré, ses droits à la première découverte le sont moins encore. Il aurait pu s’honorer en reconnaissant ce qu’avait fait Galilée, en se bornant h dire qu’il avait aussi vu les taches h la même époque, et qu’il avait eu plus de loisir pour les suivre,assidùment. La passion a égaré les deux concurrens : les titres de Galilée à la recon- naissance des savans sont d’un autre poids que ceux de Scheiner, dont l’ouvrage est même assez médiocre. Le titre, la préface et toutes ces allégories et ces allusions, au uom et aux armoiries de son protecteur, indiquent d’abord un flatteur et ne rehaussent pas son caractère. Il est extrêmement prolixe ; au reste son style est clair et facile à suivre, s’il n’abusait trop souvent de la patience