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Page:Delambre - Rapport historique sur les progrès des sciences mathématiques, 1810.djvu/162

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SCIENCES MATHÉMATIQUES.

presque inespérée, ramena plus fortement à l’idée de Kepler ; on disserta sur le rapport que ce grand homme avoit cru entrevoir dans les distances des différentes planètes au Soleil, ou plutôt dans la marche des différences premières et secondes de ces distances : mais, quoi qu’on fît, on ne put sauver quelques dissonances ; et les anomalies de ces différences, quoique médiocrement sensibles quand on les compare aux distances absolues de Jupiter, Saturne et Uranus, sont telles, qu’elles surpassent le premier terme de la progression, c’est-à-dire, la distance de Mercure au Soleil. On fut donc obligé de renoncer à ce rapport prétendu : mais la planète nous reste ; et si une idée qui, à l’examen, s’est trouvée dépourvue de fondement, a contribué à faire trouver ou retrouver la planète, ce sera un exemple de plus des heureux effets qu’ont produits quelquefois des aperçus peu exacts et des systèmes entièrement en-onés. Ainsi Kepler lui-même avoit dû aux propriétés chimériques qu’il attribuoît aux nombres, la découverte d’une de ces lois admirables qui régissent le système du monde, le rapport des carrés des révolutions aux cubes des distances.

M. Olbers, pour retrouver plus sûrement Cérès, avoit fait une étude particulière de toutes les petites étoiles qui composent les constellations qui se trouvent sur la route ; il recueillit bientôt un fruit inattendu de cette pénible étude. En continuant d’observer les régions du ciel qu’il avoit long-temps explorées, il aperçut une nouvelle planète, à laquelle il a donné le nom de Pallas. Cette planète est encore plus petite que Cérès ; et, chose beaucoup plus extraordinaire, elle fait sa révolution dans un temps