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Comme tout le monde

d’habitude, se mettait à rire quand il lui disait des choses désagréables.

Cette amabilité débordait sur tout le monde. Zozo connut des heures enchantées où sa mère jouait à cache-cache avec elle ou bien lui découpait des poupées de papier ; et Julia, la petite bonne, hérita, un matin, d’une jupe encore assez propre et d’un vieux corset.

Cependant Isabelle vivait intérieurement un bonheur tourmenté. L’idée de retourner au plateau la hantait nuit et jour. Il lui semblait que le marquis était toujours là-haut, attendant qu’elle vînt.

Enfin, quand elle sentit qu’elle ne pouvait plus y tenir, elle partit bravement, un après-midi, traînant à sa suite non seulement Zozo, mais la bonne et la voiture. Elle n’avait pas averti Léon. Le fait d’emmener la bonne avec les deux enfants lui semblait suffisant pour ôter à cette promenade tout caractère équivoque, même devant sa propre conscience.

— Ça nous changera un peu, expliqua-t-elle. Et je me suis rendu compte, l’autre jour, que les chemins étaient très bons pour la voiture.

Tout en s’efforçant de cacher son agitation, elle se répétait, en montant la côte : « Il n’y sera pas… Il n’y sera pas… »