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Comme tout le monde

— Oh ! si… dit Isabelle dans un sourire d’orgueil et de bonheur, mais…

Et ce mais qu’elle ne peut développer contient toutes les explications.

Maintenant, bien qu’à peine arrivée, elle n’a plus qu’une envie, s’en aller, échapper à cet amoureux qui l’effraie. Elle a besoin d’être seule pour penser à lui, pour le comprendre, pour l’aimer.

— Laissez-moi partir… balbutie-t-elle. Il faut que je rentre… Je ne suis venue que pour une minute. Je suis déjà très en retard…

— Vous viendrez ?… s’obstine-t-il, vous viendrez au pavillon, bientôt ?

— Peut-être… peut-être… souffle-t-elle en détournant les yeux… Mais laissez-moi partir !

Il dit encore, en lui tripotant les bras, mais sans plus oser l’embrasser :

— Je veux bien vous laisser, mais vous viendrez ?… Je vous attendrai tous les jours au pavillon, tous les jours… tous les jours…

Puis, trouvant enfin la seule chose qui puisse la troubler :

— Ne me faites pas souffrir, dites ?… Ne me faites pas souffrir !

Enfin il a lâché ses mains, et voici qu’elle se sauve, courant presque, sans dire au revoir, pressée de se délivrer de celui qu’elle aime, celui à qui, sans