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Page:Delarue-Madrus - Comme tout le monde.djvu/146

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Comme tout le monde

surpris que de voir Isabelle refuser de sortir.

— J’ai trop d’ouvrage à la maison… disait-elle avec un sourire pâle.

Et, recroquevillée sur sa couture, toute crispée de chagrin caché, elle cousait des heures entières, tâchait de faire le silence dans son cœur tumultueux.

Aujourd’hui, le mauvais temps empêchait tout le monde de sortir. La petite femme en fut presque heureuse.

— Au moins, il pourra croire cet après-midi que, si je ne viens pas à son pavillon, c’est que je ne peux pas…

Cet atermoiement au chagrin de son gentilhomme adoré la ranimait un peu. Mais sa tendresse, d’être ainsi comprimée, s’exaltait, devenait une sorte de féerie intérieure. Heure par heure, Isabelle oubliait le brutal désir qui l’avait tenue embrasée ; elle oubliait les exigences de l’amour mâle. La figure du marquis, de plus en plus, s’idéalisait. Il était supérieur au héros : il devenait la victime.


— Maman, dit Zozo, laissant tomber son « travaillage », j’ai rêvé cette nuit à toi. T’étais morte.

— Comme c’est triste… dit Isabelle d’une voix